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lundi 18 avril 2011
Un village minier cévenol en 2011... et ses "banlieues", Clé et Meyrannes...

Molières sur Cèze, l'entrée du village (la mine était en bord de route, à la place du bâtiment hideux où à présent est stocké du béton-?-)
La rue principale, (l'entrée du village).
Dans ma mémoire, avant..

Au fond, il ne faudrait pas grand chose pour que cela redevienne ainsi. Et la montagne est belle.. (voir plus loin)...
Une petite fille a installé une dînette rose
et une coiffeuse dans l'entrée
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Les HLM des mineurs autrefois
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... au fond, décalés et cachés, en bout du village

Certains appartements sont habités,
entre autres par des rroms dit-on

Il y a trois rangées de quatre blocs (quatre par rangée) douze en tout, parfaitement symétriques et très rapprochées, au pied de la montagne, sans soleil.
A présent, sur la dernière, trois blocs ont été abattus pour faire une sorte de pelouse. C'est un peu moins oppressant.

Un décor pénible quand il pleut les soirs d'hiver...

A la radio, on entend parfois "France Culture" (oui !)



Juste à côté, le bar des sports
Les bords de Cèze, mais des dépôts
de chantiers partout sur la route. On s'y fait. Mal.
Et en bas, coule la Cèze, impavide ...
"Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
qui demeure aux prés où tu coules tout bas, Meuse, adieu,
J'ai déjà commencé ma partance, en des pays nouveaux
où tu ne coules pas.... Je ferai la bataille et gagnerai la guerre, en des pays nouveaux où tu ne coules pas..."
Ainsi aurait pu parler un ancêtre mien de Molières, Marius Brahic (lien), un jeune mineur mort à 18 ans pendant la guerre de 14 à Bar-le-Duc, décoré pour acte de bravoure... laissant presque sans ressources une jeune épouse et une petite fille que dit-on mon grand-père également prénommé Marius gendarme au Maroc puis en Algérie, aida autant qu'il le put : il gagnait relativement bien sa vie et la jeune veuve de son cousin travaillait au triage du charbon. Tous deux étaient de Saint Sauveur de Cruzières dont ils étaient partis à 14 ans pour travailler à la mine, la terre ne pouvant tous les nourrir : mon grand-père s'engagea à 18 ans et partit aux "colonies" pour la fuir, son cousin resta et mourut à 18 ans.
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Le village
Ne pas rire SVP
Mais il y a à présent un tout nouveau salon dans la rue principale et une coiffeuse qui fait revivre un quartier..
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La passerelle de mon enfance
qui enjambe la Cèze, reliant Clé à Molières, un raccourci indispensable pour les piétons et les enfants -elle rejoint l'arrêt des cars scolaires filant sur St Ambroix, Alès etc..- A réparer! -Mais cela ne semble pas à l'ordre du jour. En revanche, l'est un rond point pour les voitures desservant les "Brousses" (!) plus loin- Et ceux qui n'en ont pas? Ils paieront quand même.
Un bâtiment magnifique
Les bords de la Cèze, cent mètres après les corons
L'école de Clé où ma mère enseignait et où j'ai vécu jusqu'à l'âge de huit ans, appartement de fonction avec eau -froide- à un seul robinet, WC dans la cour de récré -un simple trou où je redoutais de tomber- etc. Mes amis s'appelaient Mercédès, Dolorès, Felipe, Boris, Sonia, Piotr, Malika, Yasmina... et Michèle (!) pour moi, des prénoms tout à fait français. J'avais deux fiancés, ignorant qu'on ne pouvait en avoir qu'un : Felipe et Boris, un espagnol et un polonais, un brun et un blond, tout allait fort bien. Molières était la grande ville avec des bals, des soirées musicales, des cafés-restaurants ouverts JOUR ET NUIT, un ciné-club où j'ai vu à 7 ans "Le sel de la terre", "Les raisins de la colère" et quelques Eisenstein... Une animation culturelle cosmopolite fascinante. Dans la salle de l'école juste au dessous de ma chambre, les mineurs parlaient de Bakounine, Zola, Stirner, Marx et de Julius et d'Ethel Rosemberg. L'école était d'un très bon niveau (mais oui !) : presque toutes mes amies ont par la suite fait d'excellentes études. L'une est devenue directrice d'Ecole Normale ; une autre, médecin ; une troisième, femme politique etc...
Le café Deleuze (à Clé) qui autrefois faisait office de salle de réunion, appartenant aux parents de Michèle Ribot, issue d'une famille engagée anti nazie, et dont le grand mère, Alphonse Deleuze avait été tué en 43 pour faits de résistance (lien).
Les bords de la Cèze et peut-être ?
des peupliers noirs,
espèce rare et protégée
L'eau est limpide -mais cela ne signifie pas qu'elle soit pure-
cristalline, depuis...
... la fermeture de l'usine de carton et
des aciéries en amont, il faut le reconnaître.
Le chemin du jardin botanique (dont les abords servent de décharge) qui monte au château de Montalet en partie restauré...
Extrait de cet article.
Il fait venir des gens, des touristes... quoique fermé les 4/5 du temps, y compris sur son chemin d'accès en voiture par une grille peu engageante, et mal balisé si on passe à pied -lien avec "les bronzés visitent le château de Montalet-.. mais il pompe des subventions, eau, électricité, éclairage de nuit dont le village aurait besoin. Certaines maisons lui donnent un bien triste aspect. Question : les habitants en profitent-ils réellement? Comme en bien des cas (lien avec "chemin de la Roque") les visiteurs ou résidents venus d'ailleurs ne quittent guère le ghetto où on les a installés pour se balader dans le village (pas de restaurant et à peine un café) mais où est la cause où est la conséquence? Deux groupes qui ne se rencontrent jamais. Ne serait-il pas plus juste d'investir aussi dans et pour LE VILLAGE afin d'éviter que le visiteur ne le traverse fissa sans le voir? (lien avec l'article.)
Le jardin botanique comprend de magnifiques orties,
qui théoriquement font un aliment bio, énergétique et gratuit (lien) MAIS ATTENTION, IL VAUT PEUT-ÊTRE MIEUX S'ABSTENIR ICI...
On peut les conserver séchées et avec ce qui se passe à Fukushima, -lien- on a intérêt à stocker avant que les plantes n'aient métabolisé la radioactivité qui traîne dans l'air. MAIS REDITE, ATTENTION : pas d'excès, contrairement à ce qui est dit sur presque tous les sites: la vitamine A qu'elles contiennent en quantité n'est pas toujours bien tolérée et les excès de potassium sont dangereux. En outre, elle est diurétique; si vous urinez beaucoup et maigrissez de même, arrêtez. D'autre part, la plante a la propriété certes très utile de stocker les métaux lourds (c'est à dire d'épurer les sols!) donc il faut éviter de la récolter en des endroits où on peut craindre des dépôts... par exemple sur la décharge de Molières! L'eau peut transporter du fond de la terre les déchets de la mine inondée, parmi lesquels sans doute, justement, des métaux lourds.
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Et un peu plus éloigné de Molières que Clé, Meyrannes, l'autre village satellite... et au bout d'une côte abrupte...
dimanche 17 avril 2011
Molières aujourd'hui
Devant la Mairie, la stèle à la mémoire des mineurs qui ont fait le village
Gitans, arabes, polonais, bosniaques, tous français et identiquement moliérois
transport, des loyers trop chers, pour un handicapé, ce n'est pas rose...
Et des jeunes qui semblent heureux... Ils n'ont pas ce sourire en banlieue parisienne...
Et des jeunes qui semblent heureux... Ils n'ont pas ce sourire en banlieue parisienne...


La coiffeuse et la buraliste


Des chevaux, vers la route qui monte au château : une entreprise intéressante
Le pont refait, de belle allure
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La partie de cartes version deux |
samedi 16 avril 2011
Un peu de détente aussi ! Elégie inconvenante à un ami très convenable
La populace dites-vous ?
Mais la populace, c’est moi, c’est vous… et même Nicole,
Enfin, j’espère… La populace, ce sont ces soirées à l’école,
Le soir sous mes fenêtres, à Clé, la mine pour horizon...
Et les photos d’Ethel et de Julius enlacés, dans le fourgon,
Et les mineurs espagnols, entre Bakounine et Proudhon,
Et au ciné club le mardi, «Le sel de la terre»,
Silence et recueillement. La messe, la liturgie...
Dans la sombre salle des fêtes de Molières,
La lumière, l’étincelle ou l’iskra, la magie.
Et puis les femmes… les rires effrénés, les rêves,
Enfin on parlait d’elles et on osait… oui on osait !
Dire qu’elles aussi pouvaient mener une grève,
Pendant que leurs hommes dehors, lessivaient…
Essoraient, étendaient les draps durs et roides,
Puis, enfumant la masure de bois mouillé...
Devant la cuisinière éteinte et froide,
Lavaient la vaisselle et chauffaient les biberons…
Ou essayaient. Et couraient, et trébuchaient,
Et se brûlaient au chaudron...
Et le bébé qui hurlait…
Sous les ricanements des fils adolescents
Qui faisaient la différence entre papa et maman.
Oui, les rires de la populace…
A chaque fois, les mêmes rires vivaces.
De ceux qui pour nous sont montés
Sur les barricades, sous le feu,
Qui ont obtenu les congés payés...
La sécu et la retraite : si peu ?
Comme moi, vous en vivez.
Et même les concours. La valeur du mérite
Et non de la caste. La valeur écrite...
Déclarée. L’égalité pour les proscrits
Protestants et juifs et puis, et puis...
O, ils devaient être sales et même sentir mauvais
Parler mal aussi. Et pourtant, votre douce vie...
Sur la montagne, c’est à eux que vous la devez, aussi.
Nos ancêtres. Le droit d’écrire et de vivre,
Librement. Ma madeleine en somme.
Celle de tous les hommes.
Le droit de critiquer, d’aimer et de rire,
Aussi.
On m’a formatée.
Je suis un tank —actuellement en disponibilité—
Un tank romanesque. Un tank amoureux, un tank linké,
De la populace ou de ceux qui la servent plutôt…
—Car moi je suis inapte.— Il faut ce qu’il faut.
Un ingénieur agronome qui voulait inventer un mouton
Dessine moi un mouton, en somme… Un bien drôle.
Il est plus tard que tu ne penses, je sais.
Un médecin qui voulait être un Schweitzer anti rougeole.
Le Kurdistan libre d’un Kurde rescapé
Un peu assassin seigneur de guerre,
Oui, coco, il ne faut pas me la faire…
Et un juif pro palestinien, mouton noir courageux...
Qui voulait vaincre les sionistes —et les siens avec eux.—
Car la populace bourgeoise, cela existe, ma foi.
«Je voue à la bourgeoisie une haine
qui ne finira qu’avec moi»
Un peu excessif. Mais… Mais… Mon cher...
On pouvait dire ô Dieu, bien des choses en somme,
en variant le ton.
Par exemple tenez : cynique, à la Rhett Butler :
«Tout ce que je veux, c’est récupérer mes ballots — de coton—
Le reste, je m’en fous. Qu’ils s’entretuent si ça leur plaît…»
Rétrocédant à la salazopérine, mais avec séquelles :
Un trou du cul bien abîmé, de sanglantes fistules,
Une maladie… de prolétaire, un peu ridicule…
Il y a des filaires qui se croient tout permis !
Je l’avoue, et ne fus pas la seule, j’en ai ri.
Dies irae.
Les estérichiae choli,
Contrairement à vous, Michel, ne font pas le détail...
Entre Achra’fiéh et… valetaille,
Tout trou du cul étant bon à prendre
Comme tout os à ronger…
La guerre égalise. Colibacille sans frontières…
La populace ? Au fond, Michel, vous m’inspirez.
Dans le genre trivial mais qu’y puis-je ? Je suis vulgaire
Lorsqu’on me parle de vulgarité.
Par contraste et provocation. J’aime choquer, braire…
Avec les ânes, j’en suis, je le veux et cela me plaît.
Mais pourquoi cette passion ? Car vous avez raison,
C’est un peu éthique, volontaire.
Et même… controuvé.
Sans doute est-ce érotique ; il faut bien une explication.
Comme dirait J. T., une glorieuse, parfumée, agitée,
Elégante éléphante, (c’est fâcheux pour ferrer) :
—Naturellement, je n’ai jamais couché avec un ouvrier.
Voyons ! » Dans la conversation, comme on dit :
Je ne prends pas de sucre dans mon thé.
— Ils n’ont pas voulu de toi ?» Avec mon air Lydie,
Un sourire innocent sous la flèche cruelle.
Je sais faire aussi. Je copie.
Elle a ré attaqué de plus belle:
—Tu peux rire, toi non plus.» Erdal, merci.
(Sinon j’aurais menti.) —Bien sûr que si.
Et toc. Je n’ai évidemment pas fait le ratio.
Et elle se tût, étonnée que, si sage,
J’osasse, même au terme d’un vernissage
Un peu arrosé, tenir de si horribles propos.
Une fêlée, en plus ? Anti corridas, on le savait,
Mais là, tout de même. Vulgaire, presque salace.
Un ou-vri-er ? Il y a des limites. Cela ne se pouvait.
Devant les biscuits. Qui faisait rigoler la populace…
Mais la populace esthète, éthique et classe.
La mienne, je me suis régalée. Cayetana.
La populace, Michel, c’est aussi moi
Car je suis snob, voilà.
Je le dis et le proclame,
La populace m’enchante et m’envoûte
Comme d’autres, les riches. Mon âme
Est ainsi cistronnée. Un gêne ? Sans doute.
La dignité. Des pauvres, des femmes, des juifs, des ratés,
Qui furent jetés comme je l’ai été, pour d’autres raisons.
Oui, ce doit être cela, simplement : la dignité,
Pouvoir parler à tous sans souci de ce qu’ils sont.
Enfin presque. Pouvoir écrire cela et en rire,
Sans en mourir.
Soit, je n’ai pas aimé l’histoire de Maigrat (l’épicier)
De Germinal. Et pourtant cela a dû exister, je sais,
Et celle du vieux mineur qui étrangle Cécile,
Et tout ce qu’il décrit, Chaval, la foule vile…
Bon. Mais ma populace à moi, devant les puits,
La mine, ce n’était pas cela. Ou pas seulement.
J’ai appris les lettres d’Ethel à ses fils.
Sublimes. Ses fils de mon âge, exactement.
Des papiers interdits. La honte envolée.
Des syndicalistes. Des anciens d’Espagne. Dignes et forts.
Je n’ai pas vu de différence des discussions et des corps,
Le soir entre les militants ; ensuite, à l’université.
Ou plutôt si : leur teneur était plus juste et plus vraie.
Ma madeleine…
Ma liturgie. Amen. Et merci.
Hélène.
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